Entre Charybde et Scylla : une théorie mimétique du politique, Domingo GONZALES HERNANDEZ

Entre Charybde et Scylla : une théorie mimétique du politique,

un article de Domingo GONZALES HERNANDEZ,

dans la revue Cités,

vol. 53, no. 1, 2013, pp. 41-65.

 

Une théorie mimétique du politique, par Domingo GONZALES HERNANDEZ

 

On peut y lire : « Ceci dit, s’il existe une relation très étroite entre la violence et le sacré, ou, pour le dire avec des termes girardiens, s’il existe une relation entre la crise mimétique qui se clôt par la mécanique du bouc émissaire et le surgissement de l’ordre sacrificiel qui suit de cette expérience fondatrice et originaire, il est tout naturel d’en déduire que la nature du pouvoir politique est contaminée par cette réalité historique et métaphysique (comme Girard l’avait déjà esquissé dans ses analyses sur la monarchie sacrée). Comme pour Marx, les institutions politiques seraient pour Girard un simple épiphénomène d’une réalité antérieure et différente, d’un conflit qui s’origine et se joue autre part. »

Il cite René Girard : « En suivant toutes les bifurcations successives, on doit arriver, je crois, à faire la genèse de toutes les institutions religieuses et même non religieuses. On peut montrer, je pense, qu’il n’y a rien dans la culture humaine qui ne puisse se ramener au mécanisme de la victime émissaire » (Des choses cachées depuis la fondation du monde, p. 71).

L’article se termine ainsi : « Or, comme l’affirme Pierpaolo Antonello dans son introduction aux Origines de la culture, « la théorie mimétique, de par sa transversalité, n’a pas toujours été saisie dans sa complexité, à savoir qu’elle induit d’abord des relations interdisciplinaires, qu’elle pointe […] des dynamiques intersubjectives ayant des conséquences à l’échelle sociale […] ». En effet, pour Girard, « le principe mimétique est absolument souple, il ne peut être établi une fois pour toutes » ; « le nombre de combinaisons mimétiques est infini, comme la façon de les exprimer ». Les réserves du fondateur de la théorie mimétique face à l’orthodoxie d’un éventuel « système Girard » pourront peut-être avaliser le développement d’une théorie mimétique du politique, qui ne soit pas une simple filiale de sa maison mère et de ses dérives impolitiques ponctuelles.

Plan de l’article

  1. De l’être-à-être à l’être-contre-tous : l’essentielle politicité de la théorie mimétique
  2. Les pièges de l’impolitique : à quelles conditions une théorie mimétique du politique est-elle possible ?
  3. De la possibilité d’une théorie politique alter-mimétique